Spectacle "Retrouvailles"

Publié par L'aparthéâtre

Pourquoi Thomas Bernhard cet auteur autrichien connu dans le monde entier?
Parce que son écriture, musicale, répétitive, incisive, nous a séduits. Nous le connaissons
à travers ses romans et ses pièces de théâtre. Nous avons découvert ses
récits, à Avignon, lors de lecture dans la cour du musée Calvet. Dans le recueil
“Goethe se mheurt”, (éditions Gallimard, 2013, traduction Daniel Mirsky), nous
avons choisi le troisième récit, “Retrouvailles”.
Pourquoi “Retrouvailles”?
Dans Retrouvailles, le meilleur texte du livre « Goethe se mheurt », Thomas Bernhard
revient sur le thème de la famille destructrice. Il le déploie magistralement dans son
style circulaire et musical, avec une hargne libératrice qui ne faiblit jamais. Le sujet
est la rencontre entre deux amis d’enfance dont les parents (leurs « geôliers »
respectifs) se ressemblaient beaucoup et partageaient par conformisme le même
goût pour les promenades en haute montagne. C'est sur un quai de gare, au pied des
montagnes autrichiennes, que se retrouvent ces deux amis d'enfance. La description
des préparatifs avant les départs en vacances est très drôle. Mais à mesure que le
monologue avance, la description de la cruauté parentale prend une dimension de
plus en plus étouffante.
Extrait : « Et ils rangeaient toujours tout, à peine avais-je déposé un objet quelque
part qu’ils s’empressaient de le ranger, ce faisant ils ont systématiquement coupé
court à toute manifestation humaine chez nous, ils ont toujours eu peur que, à cause
de moi la maison puisse commencer à vivre.Tes parents avaient une passion pour la
haute montagne encore beaucoup plus prononcée que les miens, te dis-je. Tes
parents avaient toujours mis des chaussettes en laine vert pomme, pas comme les
miens, qui portaient des chaussettes en laine rouge vif. Tes parents avaient toujours
mis ces chaussettes en laine vert pomme afin de se fondre dans la nature, tandis que
les miens mettaient toujours les chaussettes rouge vif afin d'être remarqués... ».
Malgré les ressemblances, quelques chose sépare cependant les deux amis : celui qui
parle tout le temps a fui sa famille alors que l’autre, le silencieux, en est toujours
resté prisonnier ; il ne s’est « jamais évadé de l’hypocrite cachot sentimental de ses
parents », et, pour cette raison, est devenu une loque.» La férocité de Thomas
Bernhard fait rage dans les récits rassemblés en un volume, selon son souhait. Qu’il
s’agisse de Goethe mourant, de la haine de l’Autriche ou de la détestation de la
famille, l’humour et l’ironie du grand prosateur se révèlent toujours aussi percutants.
Mais surtout, ces miniatures contiennent tout l’univers de Bernhard et forment un
condensé très maîtrisé des motifs qui traversent toute son oeuvre.
Nous avons adapté ce texte pour un comédien et une comédienne.
Modalités de relations entre le projet et les publics
Ce spectacle peut s’adresser à un public à partir de 11 ans. C’est un spectacle à installer
partout, très peu de matériel (un banc, deux valises remplies d’accessoires,
régie technique autonome avec une enceinte portable). Nous pouvons donc intervenir
dans les collèges et les lycées. Le spectacle peut être suivi d’un débat ou
précédé d’un travail sur la notion de famille, ses excès potentiels, les abus d’autorité,
la violence parentale, les droits des enfants. Une action peut-être envisagée
au niveau du quartier sur les problématiques de violence familiale, du harcèlement,
en bord de scène, ou sous forme d’ateliers.
Notes de mise en scène
Le plateau est dépouillé. Un banc, deux acteurs et leurs valises. Une bande son pour
indiquer le lieu: un quai de gare en haute montagne. Un dépouillement pour mettre
l’accent sur le texte. Les deux personnages dénoncent l’absurdité des relations familiales
et donnent à voir en miroir la vérité de leurs huis clos respectifs. La drôlerie
des propos de Thomas Bernhard est rendue par l’apparition successive d’une multitude
de bonnets et de chaussettes de haute montagne rouge vif et vert pomme,
couleurs obsessionnelles de ces deux familles. Des chorégraphies apportent de la
légèreté. L’adresse au public permet une totale immersion et entraîne son adhésion.

 

Avis de spectatrices et de spectateurs.

J'ai beaucoup aimé cette représentation. Je ne suis pas une théâtreuse  mais plutôt une spectatrice lambda. Au niveau de la mise en scène , l'utilisation des accessoires laineux et des petites " chorégraphies ", très bien  comme une petite respiration bien venue. 

 
Françoise, Sète, mars 2021. 
 

A la sortie d un spectacle ,les regards se croisent ou se fuient, là
ce mercredi rien de tout cela, tous les présents ont immédiatement établi
le dialogue entre les acteurs et spectateurs, déjà la partie était gagnée

OUI, que voilà enfin "des retrouvailles" le texte! qui ne mâche pas ses
mots , développant sous un air faussement badin des thèmes
graves, l'éducation , l'adolescence, la liberté, la dureté d'une éducation
sans surprise annihilant toutes initiatives personnelles mais pour tous
aussi, se replonger dans l univers de cet auteur autrichien peut aussi
nous toucher qq part !!!!
Quel décor minimaliste un banc ,deux couleurs deux valises, mais
qui a elles seules porteuses de rêve, d'aventure, de voyage, dans un
imaginaire ....porteur d' une étude parfaite chronométrée dans cette

succession de mini actes ,souffles bien venus!!!! 

Bravo ,en souhaitant revoir ces acteurs dans un autre univers.

 

Madeleine, Sète, mars 2021. 

Outre la qualité de la pièce de Thomas Bernhard, dont on comprend en sous-texte qu'elle évoque des guerres qui ne sont pas uniquement familiales, l'interprétation et la mise en scène ont convaincu le spectateur que je suis, peu coutumiers du théâtre.
S'agissant de l'interprétation, la configuration intimiste vous autorise d'interpeller chaque spectateur du regard, ou d'un doigt pointé, et c'est évidemment plus fort que le rapport traditionnel scène-salle. Les attitudes et les intonations tiennent bien l'équilibre entre le tragique et le comique de la pièce.
S'agissant de la mise en scène, son minimalisme est exploité au maximum. 
Bon point pour l'illustration musicale, finement choisie.
Globalement, une réussite ! 

 

Eric, Sète, mars 2021. 

 
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